Situation de la dégradation de la qualité des eaux courantes en Bretagne : cas des nitrates et de deux pesticides, l'atrazine et le lindane
La contamination des eaux courantes par les nitrates s’est développée depuis 1975 en raison de l’intensification rapide des productions végétales et animales. Les concentrations, maximales de décembre à janvier, atteignent de 30 à 200 mg/l selon la pluviométrie, l’hydrologie, et la charge polluante sur le bassin. En été, les concentrations sont de 15 à 30 mg/l dans les zones de production semi-intensive ou protégées, mais elles dépassent 30 à 70 mg/l dans les zones d’élevage bovin et porcin très développé. La stabilisation et la régression de cette pollution demande la mise en œuvre d’une série de mesures agro-zootechniques nombreuses coordonnées et durables. Dix sites de la Flume (bassin schisteux) et de la Loysance (bassin granitique), ont été contrôlés de mars à décembre en fonction de l’hydrologie. Par ailleur la chromatographie en phase gazeuse a été comparée à la méthode immuno-enzymatique ELISA pour les analyses d’eau. La recherche des mêmes molécules chez les poissons et les macrophytes a été faite par chromatographie et spectrométrie de masse. L’atrazine et le lindane ont été retrouvés à chaque date de contrôle à des concentrations de 0,2 à 25 µg/l pour l’atrazine et de 10 à 70 ng/l pour le lindane en fonction du site, de la date de de l’hydrologie. Les concentrations sont généralement 2 à 3 fois plus élevées en bassin schisteux qu’en bassin granitique. Par ailleurs, en période de crue, elles sont multipliées par 5 à 20 pendant le premier jour. Seize autres molécules de 5 familles chimiques ont été retrouvées à des concentrations de 0,1 à 4 µg/l (phénylurées, carbamates, phénols, amides, aryloxyacides). Les poissons, juvéniles et adultes, sont contaminés dès le mois d’avril par l’atrazine et le lindane, aussi bien dans les muscles, le foie et les graisses du tube digestif (10 à 350 µg/kg) que pour les gonades, mâles ou femelles (5 à 25 µg/kg). Ces deux xénobiotiques sont encore présents en octobre, notamment chez l’anguille (Anguilla anguilla) et le chevaine (Leuciscus cephalus). L’estimation de la bioconcentration globale conduit à un coefficient de 6 à 25 pour l’atrazine et de 102 à 104 pour le lindane. La contamination des plantes aquatiques a été observée à partir des Bryophytes, Hélophytes et Hydrophytes. L’atrazine et le lindane peuvent être présents ensemble ou non, chez une espèce, toutes les espèces (juin) ou dans tous les organes (faux-roseau) aussi bien en juillet qu’en septembre. Les concentrations observées sont très variables (40 à 800 µg/kg MS pour l’atrazine, 35 à 150 µg/kg MS pour le lindane), selon l’espèce, la saison et l’hydrologie de la rivière. La discussion concerne l’approche expérimentale des investigations à mener en milieu naturel, la formation d’une concentration dans un cours d’eau, les impacts difficiles à définir sur l’équilibre d’écosystèmes déjà fragilisés, le choix de biomarqueurs intégrateurs spécifiques, plus riches en information que des analyses d’eau instantanées et faites en nombre souvent insuffisant.