Historique de la Société Française d'Ichtyologie et de Cybium*

La Société Française d'Ichtyologie (SFI) a été fondée le 28 janvier 1976 à l’initiative de six membres – Marie-Louise Bauchot, Jacques Daget, Jean-Claude Hureau, Théodore Monod, Yves Plessis et Charles Roux – afin de représenter la communauté ichtyologique française au moment où le 2e congrès européen des ichtyologistes se préparait à Paris (Unesco, 8-15 sept. 1976). L'histoire de la SFI doit cependant tenir compte de l’existence d’une autre société qui tentait de survivre encore en juin 1976, la Société centrale d’aquiculture et de pêche (SCAP). La SCAP avait été créée en 1889 sous le nom de Société centrale d’aquiculture de France, pour rassembler tous ceux qui s’intéressaient aux poissons sous une forme ou une autre, poissons marins et poissons d’eaux douces, mais dont l’intitulé changea rapidement dès 1895. De 1889 à 1950, la SCAP publie un bulletin dont l’importance ira en déclinant puis disparaîtra. La SCAP fut dissoute en 1976 et, pour la plupart, ses membres rejoignirent la SFI, nouvellement créée dans le but de conserver la Société fortement attachée au laboratoire d’ichtyologie générale et appliquée du Muséum national d’Histoire naturelle. En 1977 la SFI fut dotée de ses premiers statuts qui donnaient de grands pouvoirs au directeur de ce laboratoire : président de droit de la SFI, il désignait deux membres du conseil d’administration (CA) composé de 12 membres. Avec le développement du nombre de ses membres et de leur diversification géographique, la SFI a ressenti le besoin de modifier ses statuts en 1988, afin d’avoir un CA plus ouvert vers l’extérieur. Le CA est alors composé de 16 membres: 12 membres élus pour trois ans, renouvelables, et quatre membres nommés par le CA pour un an. Le président de la SFI et les quatre autres membres du bureau d’administration (trésorier, trésorier adjoint, secrétaire et secrétaire adjoint) sont élus parmi les membres du CA. Depuis 1976, voici les noms des ichtyologistes qui ont assumé la charge de président de la SFI : 1976-1985, Jacques Daget ; 1986-1987, Marie-Louise Bauchot ; 1988-1989, Joseph Goubier ; 1990-1991, Jean-Claude Hureau ; 1992-1994, René Galzin ; 1995-2001, Jean Allardi ; 2002-2006, Mireille Gayet ; 2007-2014, Jean Allardi ; et depuis 2015, Philippe Keith.

Pour autant, les objectifs de la SFI n’ont pas varié depuis 1976 : regrouper les personnes physiques et morales intéressées au développement de l’ichtyologie fondamentale et appliquée, représenter les membres de la société auprès des instances nationales et internationales, promouvoir et coordonner la recherche dans le domaine de ses compétences, assurer la liaison entre ses membres par la diffusion d’une publication scientifique spécifique.

C’est pour répondre à ce dernier point que la revue Cybium a été choisie, dès 1977. En fait Cybium existe depuis 1947 et aura donc bientôt 60 ans ! C'est Théodore Monod qui créa ce journal en 1947 et en proposa le nom " Cybium, Bulletin de l’association des amis du laboratoire des pêches coloniales" en “hommage” au Scombridae Cybium commersoni, (devenu depuis Scomberomorus commerson). Le même logo représentant un alevin de poisson dominant la terre est reproduit sur tous les numéros depuis 1947. Les premiers numéros furent en grande partie rédigés par le professeur Théodore Monod, alors directeur du laboratoire des Pêches d’outre-mer du Muséum national d’Histoire naturelle. Un numéro annuel fut édité jusqu’en 1954. Puis le journal cessa de paraître de 1955 à 1967. En 1968, le personnel du laboratoire des Pêches d’outre-mer décida de faire renaître Cybium sous la forme de “Contributions annuelles” dans lesquelles étaient regroupées toutes les publications de l’année, produites par les chercheurs. Cette formule fut utilisée jusqu’en 1976, sous le nom de "Cybium, nouvelle série". C’est en 1977, un an après la fondation de la SFI, que Cybium est réellement devenue une revue à parution régulière, d’abord sous le nom "Cybium, 3e série" jusqu'en 1983 (rédacteurs Jean Allardi et Jean-Claude Hureau), puis "Cybium, Bulletin de la Socété Française d'Ichtyologie" jusqu'en 1989 (rédacteurs Jean-Claude Hureau puis Jean-Yves Sire depuis 1987), puis, avec une présentation plus attrayante, "Cybium, Revue Européenne d'Ichtyologie" jusqu'en 2001 et enfin "Cybium, Revue Internationale d'Ichtyologie" en 2002, en même temps que le changement de son format et la publication de photographies en couleur. Entre temps l'équipe de rédaction autour de Jean-Yves Sire s'est progressivement étoffée (deux personnes en 1998, trois en 2000, six en 2002, pour atteindre neuf en 2016).

Avec une parution régulière trimestrielle, Cybium est donc devenue une revue internationale d’ichtyologie de bon niveau, largement analysée par les plus grands journaux ou systèmes d’analyse de la littérature scientifique, et dorénavant bien connue dans le milieu des ichtyologistes du monde entier. C'est une revue animée par des ichtyologistes bénévoles de la SFI, une des rares revues scientifiques généralistes encore indépendantes des éditeurs professionnels qui garantit les droits des auteurs et, grâce à son système d’arbitres, garantit aux lecteurs une bonne qualité scientifique, tout en maintenant un tarif d’abonnement raisonnable.

Non seulement la SFI a impulsé un nouvel élan à Cybium, mais elle a pris, de temps à autres, l’initiative de publier ou d’aider à la publication de nombreux ouvrages et des actes de congrès qui ont fait l’objet ou non de numéros spéciaux et des numéros thématiques. Depuis 2000 la SFI organise tous les trois ans à Paris les Rencontres de l'Ichtyologie en France, un colloque qui permet à environ 150 ichtyologistes francophones de se retrouver autour des nombreuses thématiques associées au "poisson".

Toutes ces initiatives démontrent la vitalité et le dynamisme de la SFI, sans pour autant augmenter fortement le prix de ses cotisation et abonnement pour faire face aux dépenses induites par toutes ses activités d’édition et de colloque. Cette situation s’explique en partie grâce aux aides extérieures reçues de diverses institutions et en partie grâce au recrutement de nouveaux membres abonnés.

C'est toujours l’objectif des rédacteurs actuels de la revue de montrer l’image d’une volonté qui ne connaît qu’un seul objectif, la qualité scientifique.

 

* Ce texte est très largement inspiré d'un article plus complet de Jean-Claude Hureau paru dans Cybium en 2007 [31(2): 101-105] à l'occasion du 30ème anniversaire de la SFI.