Cet article est une synthèse de travaux entrepris depuis 10 ans sur la migration et la smoltification de la truite (Salmo trutta) à la fois en milieu naturel, sur deux cours d’eau de Basse-Normandie, et en milieu contrôlé. L’ensemble des résultats acquis est présenté et discuté en fonction des questions qui se posent encore sur le déterminisme de ces deux phénomènes. La smoltification qui intéresse une partie des juvéniles de truite se traduit comme chez les autres salmonidés par une adaptation physiologique (augmentation de l’activité de la (Na+, K+)-ATPase branchiale), un changement morphologique (argenture notamment) et un comportement migratoire. Cependant la smoltification, même si elle représente un avantage, n’apparaît pas nécessaire à l’adaptation à l’eau de mer à 30‰ qui dépend de la taille des individus. Malgré tout, les adultes de truite de mer semblent être quasiment tous passés par un stade smolt. Par ailleurs, l’adaptation physiologique à l’eau de mer n’est pas directement liée au caractère migratoire dans la mesure où des dévalaisons de parrs existent et elle n’est pas synchrone avec l’apparition de l’argenture. Enfin, la smotification apparaît conditionnée par l’héritage parental et la taille individuelle. La variabilité et la réversibilité du phénomène confirment bien la grande capacité adaptative de l’espèce. La dévalaison printanière, influencée par la température, intéresse chronologiquement les individus âgés de 2 ans, puis ceux de 1 an. Les parrs migrent au même âge moyen que les phénotypes smolts et présmolts. Par ailleurs, si pour un même bassin les caractéristiques du rythme migratoire et des individus migrants présentent peu de variations inter-annuelles, il existe des différences inter-bassin de l’âge moyen de dévalaison et de smotification.