La composition spécifique et l’organisation structurelle (trophique, démographique et écologique) des peuplements de poissons des récifs frangeants de La Réunion, de Moorea et de Nouvelle-Calédonie sont comparées. La richesse spécifique totale est plus forte en Nouvelle-Calédonie (307 espèces) qu’à La Réunion (231) et qu’à Moorea (177). Les familles des Pomacentridae, Serranidae et Siganidae sont proportionnellement mieux représentées en Nouvelle-Calédonie, celles des Apogonidae et Holocentridae représentent un pourcentage de l’ichtyofaune plus marqué à Moorea, et celles des Muraenidae, Scorpaenidae et Blenniidae sont mieux représentées à La Réunion. Les structures trophiques, démographiques et écologiques présentent de très fortes similitudes entre les trois îles, ce qui suggère une organisation fonctionnelle similaire sur ces récifs frangeants, en dépit des différences de composition spécifique de l’ichtyofaune et de l’éloignement géographique. Les fluctuations temporelles sont de moindre amplitude à La Réunion qu’à Moorea ou en Nouvelle-Calédonie, bien qu’aucune des variations n’ait présenté de rythme particulier. Ce phénomène pourrait être lié à la plus forte diversité des écosystèmes coralliens de Moorea et de Nouvelle-Calédonie. Ces derniers, offrant davantage de biotopes qu’à La Réunion, favoriseraient ainsi des mouvements d’espèces d’une niche écologique à une autre en fonction de fluctuations de la disponibilité de la ressource et/ou de processus biologiques comme la reproduction, la prédation et le recrutement.