La grande alose (Alosa alosa Linné, 1758) colonisait autrefois tout le versant de l’Atlantique Est depuis le sud de la Norvège jusqu’au Maroc. L’espèce n’est plus présente actuellement que dans certains fleuves français où les populations sont abondantes, et dans quelques rivières du Portugal et oueds marocains où les stocks sont en voie de disparition. Comparer les différentes pressions sélectives de l’environnement à travers une comparaison des caractéristiques biologiques des populations méridionales (oued Sebou et rivière Lima) est une tentative d’identification nouvelle pour ces populations décrites le plus souvent par leurs aspects biométriques. Ces populations méridionales d’Alosa alosa ont plusieurs caractéristiques communes : (1) la présence d’hybrides issus de croisements avec l’alose feinte (Alosa fallax), au nombre de branchiospines intermédiaire, dont l’apparition est liée aux aménagements hydrauliques et au regroupement des deux espèces sur des frayères forcées ; (2) une structure d’âge (prédominance des individus âgés de 4 à 6 ans) et un âge moyen identiques des populations migrantes ; (3) une fécondité relative analogue. Des divergences ont été aussi relevées : (1) un nombre moyen de branchiospines plus élevé chez les aloses du Lima (valeur modale égale à 130 contre 110) ; (2) de meilleures performances de croissance des aloses du Sebou qui séjournent sur une zone d’upwelling ; (3) une variation saisonnière de la sexe ratio chez les aloses du Sebou. Les résultats obtenus sont discutés et la comparaison de ces deux populations fait apparaître l’existence probable d’une entité biogéographique distincte sur l’aire de distribution atlantique et qui présente certaines caractéristiques biologiques homogènes.