La période de développement embryolarvaire, de l’œuf à l’alevin émergent, est dans les rivières du piémont pyrénéen l’une des plus cruciale du cycle biologique de l’espèce. La survie jusqu’à l’émergence a été étudiée dans des frayères naturelles de la Nivelle en relation avec certaines variables environnementales de décembre 1995 à début avril 1996. Les caractéristiques morphométriques et granulométriques sont décrites pour 10 sites comportant chacun deux frayères voisines dont l’une est l’objet d’un échantillonnage de substrat, juste après la ponte, puis en fin d’émergence par congélation in situ à l’azote liquide; l’autre, dans laquelle est vérifiée la survie en mars au moyen d’un filet-cape, n’est l’objet que d’un échantillonnage final de substrat. Chaque échantillon est analysé en trois strates séparées. Au cours de la période d’observation, les débits ont été inférieurs à la moyenne des 26 années précédentes, sauf en février, et l’arasement des dômes reste modeste (2,7 cm en moyenne). Le substrat du premier groupe de frayères (considéré dans son ensemble) évolue significativement (test de Wilcoxon) et se charge en éléments de diamètre < 10 mm, ce qui entraîne une chute de la porosité, du diamètre moyen géométrique et de l’indice de Fredle. La strate supérieure, initialement la moins colmatée, est celle qui évolue le plus au cours de l’hiver. L’état final des frayères témoins de survie ne diffère pas de celui des premières. La survie sur l’ensemble de la période s’élève à 12,2% (de 0,6 à 38,5% selon les sites). Ces valeurs sont en relation avec l’état initial de la strate supérieure du substrat (corrélation de rang de Spearman). Ces résultats suggèrent qu’en situation de faible hydraulicité les conditions de circulation d’eau interstitielle qui règnent au début du développement embryonnaire sont importantes et déterminent grandement la survie ultérieure des œufs et des alevins.