Caractéristiques démographiques de stocks résiduels de l'écrevisse à pattes blanches, Austropotamobius pallipes (Astacidae), en Normandie

Neveu A.

Date de parution: juin 1996
Volume: 20
Number: 3 suppl.
Pagination: 075-093
Editeur: Société Française d'Ichtyologie
doi: https://doi.org/10.26028/cybium/1996-203supp-007
Résumé

Quatre ruisseaux forestiers de Normandie ont été inventoriés dans le but de connaître l’état des stocks résiduels d’Austropotamobius pallipes  (Lereboullet, 1858). L’emploi de différentes techniques de capture montre que les techniques passives (nasses, balances, appâtées ou non) sont très sélectives. En revanche, la pêche électrique ou la pêche à l’épuisette, en remuant le substrat, permettent de capturer tous les stades, y compris les jeunes de l’année. Les caractéristiques morphologiques de ces populations sont proches de celles qui ont été étudiées dans d’autres régions de France. La différenciation sexuelle se traduit par des changements morphométriques à partir d’une taille du céphalothorax de 25 à 30 mm. La plus petite femelle grainée mesure 26 mm de céphalothorax (54 mm de longueur totale). Au-delà de cette taille, 77 à 79% des femelles sont porteuses d’œufs, jusqu’à 100% pour les plus gros individus. Les pertes d’œufs entre décembre (ponte) et juin (éclosion) représentent 33 à 36%, dont environ la moitié est due à la réduction du nombre des femelles porteuses et l’autre à la réduction du nombre d’œufs par femelle. La distribution régulière en classes de taille sur certains sites permet une séparation des classes d’âge. La durée de vie est relativement courte, les individus de plus de 5 ans étant très rares, et la maturité des femelles n’est atteinte qu’après le 3e ou 4e été. La croissance est faible, mais régulière, en relation étroite avec les conditions thermiques locales. La densité des populations est très variable suivant les habitats ; les zones de cailloux avec du courant sont les plus peuplées. La biomasse en place à l’automne varie, selon les sites, de 12,03 à 51,38 g/m2 hors juvéniles. Ces derniers n’ont pu être estimés que sur deux stations avec 0,13 et 2,14 g/m2. A partir de l’hypothèse d’une population stable, il est possible d’estimer la production à partir de la distribution en classes de taille. Pour la station la mieux échantillonnée, la production d’une cohorte, depuis l’éclosion jusqu’à sa disparition après le 4e été, est de 25,75 g/m2 avec un P/B de 3,53, soit un P/B annuel de 0,81 et un maximum de production au cours de la 3e année (45% du total).

Mots-clés: Astacidae - Austropotamobius pallipes - France - Growth - Morphometry - Normandy - Production - Standing crop
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