Évolution des caractéristiques démographiques d'une population pure de Rana esculenta au cours de la colonisation de nouveaux étangs en Bretagne (France)

Neveu A.

Date de parution: juin 1996
Volume: 20
Number: 3 suppl.
Pagination: 095-110
Editeur: Société Française d'Ichtyologie
doi: https://doi.org/10.26028/cybium/1996-203supp-008
Résumé

La création de nouveaux étangs en 1987, dans une prairie humide près d’une rivière de l’ouest de la France, fut l’occasion de suivre leur colonisation par des grenouilles vertes et l’évolution du peuplement jusqu’en 1993. Les quelques individus fondateurs étaient des hybrides esculenta qui ont donné des têtards dès la première année. La population s’est ensuite développée pour atteindre son apogée en 1990, suivie d’une régression très nette. Au cours de cette évolution, le taux de mâle triploïdes RLL a fortement augmenté, accompagné d’une augmentation de la fertilité (de 37 à 95%). Toutes les femelles contrôlées étaient diploïdes avec un flux de femelles ridibunda depuis 1991, ce qui représente 12 à 27 % du total des femelles. L’âge individuel est déterminé à partir de la lecture de coupes de diaphyses tibiales sur lesquelles il est possible de retracer l’histoire de la croissance individuelle. L’analyse des structures en classes d’âge montre : la présence permanente de 3 à 4 générations ; une taille moyenne de chaque classe d’âge qui régresse avec le temps ; des générations de plus en plus imbriquées avec des tailles plus homogènes. Cette évolution est liée à celle du milieu et à l’augmentation de la prédation. Par ailleurs, les individus les plus grands au premier hiver disparaissent avant le deuxième hiver ; les individus les plus grands à 3 ans étaient les plus grands au premier hiver parmi ceux qui étaient programmés pour vieillir ; des phénomènes compensatoires peuvent corriger les différences annuelles de croissance ; le taux annuel de croissance individuelle devient plus homogène avec l’âge. Une approche expérimentale en enclos montre que la croissance au cours de la première année dépend de la densité. La présence de têtards hivernants entraîne une bimodalité des tailles l’année suivante aussi forte qu’entre deux générations. La survie au cours de la première année suivant la fin de la métamorphose est de 3,3 à 5,2%, et celle au cours de la deuxième année est de 42,4%. Cette survie est en relation avec une forte prédation.

Mots-clés: Anura - Brittany - France - Hybrids - Pond colonization - Population dynamics - R. ridibunda - Rana esculenta - Ranidae
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