Croissance de juvéniles d’esturgeons européens Acipenser sturio (Acipenseridae) sauvages et issus d’alevinage, durant leur séjour dans l’estuaire de la Gironde (France)

Lochet A., Lambert P., Lepage M., Rochard É.

Date de parution: février 2004
Volume: 28
Number: 1 suppl.
Pagination: 091-098
Editeur: Société Française d'Ichtyologie
doi: https://doi.org/10.26028/cybium/2004-281s-012
Résumé

Afin de restaurer la dernière population d’esturgeon européen Acipenser sturio, il a été décidé de remédier temporairement à la faiblesse de ses effectifs par des alevinages de soutien. Un premier a été pratiqué en 1995 à partir d’un couple de géniteurs sauvages. Neuf mille alevins issus d’une reproduction artificielle ont été déversés en eau douce (Garonne, Dordogne) à proximité de zones de frayères historiques, après marquage par immersion dans une solution de chlorhydrate d’oxytétracycline (OTC) pour 7000 d’entre eux. L’objectif de ce travail est d’évaluer l’intégration de la cohorte alevinée aux dernières cohortes naturelles recensées (1988 et 1994). Pour cela, une comparaison de la croissance en taille et en poids a été menée entre les individus de la cohorte 1995 et ceux des deux cohortes sauvages. Ces poissons ont été échantillonnés au chalut dans l’estuaire de la Gironde, à l’occasion de campagnes mensuelles. Leur longueur totale et leur poids ont été mesurés ; l’âge et l’origine (sauvage ou alevinage) des esturgeons ont été estimés à partir d’un prélèvement du premier rayon de la nageoire pectorale. Les comparaisons ont pu être établies sur quatre saisons : le printemps des trois premières années de vie des individus ainsi que le second été. Les individus des trois cohortes ne présentent pas de différence significative concernant le poids et l’embonpoint. Néanmoins, certains individus de la cohorte 1995 sont particulièrement chétifs, notamment lors du second été où le poids relatif médian pour les individus de cette cohorte est de 63%. Lors de leur premier printemps, les individus de la cohorte 1995 sont significativement plus longs que ceux des cohortes 1988 et 1994. Pour les autres saisons, aucune différence de taille significative n’est détectée. De plus, les deux cohortes naturelles présentent une courbe de croissance de type 3 (modèle de Schnute) tandis que celle de la cohorte 1995 est de type 4. Les individus de la cohorte 1995 semblent donc avoir expérimenté, au cours de leurs premiers mois de vie, des conditions plus favorables que celles des cohortes naturelles. Ce premier bilan, qui nécessite d’être complété, illustre une adaptation au milieu naturel comparable entre les individus de la cohorte 1995 et ceux des cohortes naturelles, une fois les premiers mois de vie passés.

Mots-clés: Acipenser sturio - Acipenseridae - France - Gironde estuary - Growth - Restocking program - Schnute model
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