Étude de la contamination de l’anguille européenne (Anguilla anguilla L., 1758) par Anguillicoloides crassus dans quelques hydrosystèmes de la Tunisie septentrionale : analyse de son impact sur les paramètres de croissance

Hizem Habbechi B., Kraiem M.M., Élie P.

Date de parution: septembre 2012
Volume: 36
Number: 3
Pagination: 417-433
doi: https://doi.org/10.26028/cybium/2012-363-002
Notes:

How to cite: Habbechi, B. H., Kraiem, M. M., & Élie, P. (2012). Étude de la contamination de l’anguille européenne (Anguilla anguilla L., 1758) par Anguillicoloides crassus dans quelques hydrosystèmes de la Tunisie septentrionale : analyse de son impact sur les paramètres de croissance. Cybium, 36(3): 417-433. https://doi.org/10.26028/CYBIUM/2012-363-002

Résumé

Afin de combler le manque d’informations concernant l’infestation de l’anguille européenne par le nématode Anguillicoloides crassus (Kuwahara, Niimi & Itagaki, 1974) en Afrique du Nord et surtout en Tunisie, nous avons: a) analysé les taux d’infestation et l’évolution des niveaux de contaminations en fonction du temps dans la lagune de Ghar El Melh et le complexe “lac Ichkeul-oued Tinja”, puis comparé celles-ci avec les contaminations des fractions de populations algériennes, marocaines et celles de différents pays européens ; b) étudié la dynamique du parasite et l’évolution de la contamination en fonction du sexe (indifférencié, mâle, femelle) et du stade de développement (civelle, jaune, argenté) ; c) évalué l’impact de ce parasite sur les fonctions vitales de l’anguille (croissance, condition, RGS, RHS, RIS) durant sa phase continentale. Plus ponctuellement, nous avons examiné des anguilles subadultes de la lagune de Bizerte et de jeunes individus de l’oued Medjerda. Nos résultats montrent que l’infestation des fractions de population d’anguilles des pays de l’Afrique du Nord est relativement récente par rapport à celle des pays européens et que cette parasitose a nettement évolué depuis son apparition dans les hydrosystèmes tunisiens. Les valeurs de prévalence, l’intensité moyenne et l’abondance du parasite restent faibles par rapport à celles qui ont été enregistrées pour les anguilles algériennes, marocaines et européennes. L’infestation est plus importante en termes de prévalence, d’intensité moyenne et d’abondance dans les eaux douces que dans les eaux saumâtres ou salées. Cette parasitose atteint les anguilles au stade civelle (VIA1 et VIA2), dès leur entrée en eau douce et saumâtre. L’infestation est plus importante en été et/ou en hiver, et les individus les plus parasités sont les jeunes anguilles à forte croissance et les individus argentés. Les mâles sont toutefois moins parasités que les femelles. Durant la phase continentale de l’anguille dans les territoires étudiés, le parasite n’a pas d’effet sur la croissance en longueur et en poids. Aucun effet significatif du parasite n’a été observé sur les indices hépato-somatique, gonado-somatique et intestino-somatique des anguilles. Cependant nous montrons que ce type d’analyse nécessite pour éviter les biais, l’utilisation d’individus éviscérés. Enfin, sur certains sites, seule une petite partie des individus est indemne de parasitose (53% pour le complexe Ichkeul/Tinja) et a donc une bonne probabilité de réaliser sa migration de reproduction. Sur d’autres sites la situation est plus favorable et en particulier dans les milieux littoraux à forte salinité où, en moyenne, plus de 84% des anguilles présentes ne sont pas contaminées (lagune de Ghar El Melh 97% ; lagune de Bizerte, 84%).

Mots-clés: Anguilla anguilla - Anguillicoloides crassus - Anguillidae - Impact - Infestation level - Parasite - Tunisia
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